La maison aux escaliers by Ruth Rendell (alias Barbara Vine)

La maison aux escaliers by Ruth Rendell (alias Barbara Vine)

Auteur:Ruth Rendell (alias Barbara Vine) [Rendell, Ruth]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2724250826
Éditeur: France Loisirs


12

Aujourd’hui, c’est dimanche. Je n’écris jamais le dimanche et Bell n’a pas à se rendre à la boutique. Il est temps pour nous de parler. Qui l’a décrété ? Apparemment, nous sommes parvenues à cette décision simultanément, comme si chacune s’était soudain aperçue que le moment était venu et qu’il n’y avait rien d’autre à faire.

Le travail au magasin l’épuise. Elle s’endort dès qu’elle rentre chez elle, et par « chez elle » j’entends ma propre maison, car c’est là qu’elle est revenue chaque soir. La deuxième et la troisième fois, quand elle s’était réveillée à dix heures, je lui avais fait prendre un taxi qui la ramenait à Kilburn, dans cette maison sous le pont de chemin de fer. J’avais cependant l’impression d’être cruelle envers elle, sans doute parce qu’elle était si malléable, se laissait si bien faire, qu’elle était si docile pendant que je lui enfilais son vieux manteau noir, la guidais jusqu’au taxi attendant dehors, lui soulevais le visage pour embrasser sa joue froide. Aussi, vendredi, j’ai préparé le lit dans la chambre d’ami et elle y a dormi quatorze, quinze heures d’affilée.

Ce long sommeil, l’effet de ces heures cumulées, l’a enfin revigorée, si bien que lorsqu’elle est descendue ce matin, fumant sa première cigarette de la journée, elle avait l’air moins spectral, plus jeune et frais, allant même jusqu’à esquisser un sourire. Quand un des chats, le plus gros, le plus tendre, a grimpé sur ses genoux, elle s’est mise à le caresser au lieu de le repousser avec indifférence. Lors d’un tête-à-tête un peu plus tard, nous avons pris la même décision. Il faut parler. Ces paroles qui ont tant attendu doivent à présent être exprimées. Notre avis ne divergeait que sur l’ordre des questions à aborder. Je suppose que ce fut le coup de fil de Felicity plus qu’autre chose qui orienta le tour de la conversation. Hier, assez tôt dans la soirée, alors que Bell dormait là-haut et que je lisais pour la quatrième ou la cinquième fois dans mon bureau les Dépouilles de Poynton 15, elle avait appelé de son appartement de World’s End Lane.

J’avais franchement cru que je n’entendrais plus jamais parler d’elle. Toutes ces histoires sur un éventuel rendez-vous à Londres, sur des points dont nous devions encore discuter, je les avais interprétées comme autant de remarques en l’air, des banalités lancées sans réfléchir dans la conversation. Mais non, elle avait parlé sérieusement. Et voilà que samedi soir, elle et Esmond venaient en ville et projetaient de dîner dans un petit restaurant français dans les parages quand elle s’était soudain dit : « Pourquoi ne pas demander à Elizabeth de venir ? En fait, on a réservé une table pour quatre, mais évidemment, on aurait pu se douter dès le départ qu’il n’y avait pratiquement aucune chance que Miranda et Jeremy acceptent de se joindre à nous. »

J’étais tentée, en quelque sorte. Comment est-elle devenue ? Et lui ? Puis surtout, comment se comportent-ils ensemble ? Pendant qu’elle parlait, je



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